À Washington, l’été politique s’annonce électrique. À quelques mois de la présidentielle, Donald Trump vient de faire passer un message clair : il veut faire des États-Unis la capitale mondiale des cryptomonnaies. Et le Congrès suit le mouvement à toute allure, avec une semaine décisive pour l’avenir du secteur. Pour les partisans des actifs numériques, c’est enfin le coup d’accélérateur tant attendu. Pour les sceptiques, c’est le moment où tout peut basculer.
Il y a encore deux ans, personne n’aurait parié sur une conversion crypto de l’ancien président. Aujourd’hui, Donald Trump fait les gros titres, multiplie les déclarations en faveur des monnaies numériques, et s’implique personnellement dans des projets. C’est un virage spectaculaire qui n’est pas que symbolique : il imprime sa vision sur la politique crypto des États-Unis, et pousse le Congrès à agir vite, très vite. Cette semaine, la Chambre des représentants entre en scène pour valider plusieurs textes sur la régulation des cryptomonnaies USA. Objectif ? Mettre en place un cadre juridique clair avant la pause estivale. Pour Trump, c’est une opportunité stratégique : positionner l’Amérique comme le leader mondial de cette révolution technologique, en laissant le moins d’espace possible à la Chine, à l’Union européenne ou aux Émirats.
Les projecteurs sont braqués sur ce que tout le monde appelle désormais la "crypto week". Trois textes sont sur la table. Le plus attendu ? Le GENIUS Act. Il vise les stablecoins, ces cryptomonnaies adossées à des devises traditionnelles. Concrètement, la loi imposerait aux émetteurs de conserver des réserves équivalentes à ce qu’ils mettent en circulation, et uniquement sous forme d’actifs solides comme des dépôts bancaires ou des bons du Trésor. Une manière de rassurer le grand public, les banques et les géants du e-commerce.
Amazon, Walmart, mais aussi Uber ou Airbnb regardent de près cette régulation. Une fois le texte voté, ces entreprises pourraient lancer leur propre stablecoin ou en intégrer un à leurs paiements. Ce n’est plus de la science-fiction. Le terrain est presque prêt.
Deuxième texte clé : le CLARITY Act. Cette fois, il s’agit de définir qui supervise quoi. Jusqu’ici, une incertitude planait sur le statut juridique des cryptos : sont-elles des titres financiers, des actifs numériques, autre chose ? Avec ce texte, la réponse devient officielle : les cryptomonnaies ne sont plus traitées comme des actions ou des obligations, mais comme des actifs numériques à part entière. Et c’est la CFTC (Commodity Futures Trading Commission) qui hérite du rôle de régulateur principal. Fini le flou, place à une architecture lisible, cohérente et plus attractive pour les acteurs du marché.
Certains parlementaires démocrates tempèrent pourtant l’euphorie ambiante. Ils pointent du doigt un manque de garanties pour les petits investisseurs, un cadre peut-être trop favorable aux grandes entreprises, et une absence de mesures pour limiter les conflits d’intérêts. On comprend entre les lignes que Donald Trump lui-même est visé. Sa proximité avec plusieurs projets cryptos, dont son stablecoin USD1 ou le $TRUMP, alimente les soupçons.
Le troisième texte, plus discret mais tout aussi symbolique, reprend un décret de Trump : l’interdiction pour le gouvernement de créer sa propre cryptomonnaie. En clair, pas de dollar numérique contrôlé par l’État. Trump trace une ligne rouge : l’innovation, selon lui, doit venir du privé. Ce signal est fort, et largement applaudi par les entrepreneurs du secteur.
Plusieurs observateurs soulignent que l’unité politique autour de ces textes n’est pas acquise. Malgré l’élan impulsé par Donald Trump, certaines divisions internes au sein même du camp républicain freinent les avancées. Selon un article publié par Le Monde, la crypto week pourrait être ralentie par des désaccords tactiques entre factions du Congrès, au moment où le secteur attend des signaux clairs.
Derrière cette avalanche législative, il y a une vision stratégique. En favorisant la création de stablecoins adossés au dollar, les États-Unis cherchent à renforcer l’influence de leur monnaie dans l’économie numérique mondiale. C’est un jeu de pouvoir. Si le monde utilise demain massivement des dollars numériques privés, émis par des géants tech américains, c’est le dollar physique qui en ressortira renforcé. Donald Trump ne s’en cache pas : sa volonté de faire des États-Unis la capitale mondiale des cryptos s’inscrit dans une logique de souveraineté monétaire, de puissance économique et de rayonnement technologique. Il l’a dit récemment lors d’un meeting : "La crypto, c’est notre futur, pas celui du Parti communiste chinois."
Et les marchés le suivent. Dès l’ouverture de la "crypto week", le bitcoin a franchi la barre symbolique des 120 000 dollars, porté par un regain d’optimisme. Les investisseurs voient dans cette séquence politique un tournant historique. Un moment où les États-Unis assument enfin leur rôle de leader dans ce secteur en pleine explosion.
Tout n’est pas joué pour autant. Si les textes sont votés, les décrets devront encore être traduits en règlements précis. Le rôle des agences fédérales, comme la SEC, devra être redéfini. Et sur le terrain, les startups, les plateformes et les développeurs devront s’adapter à ce nouveau cadre. Mais une chose est certaine : cette semaine marque un tournant. En ouvrant la voie à une régulation plus lisible, les États-Unis espèrent attirer les talents, les capitaux et les projets innovants. Miami, Austin, New York… plusieurs villes rêvent déjà de devenir des hubs crypto mondiaux. Et les universités américaines accélèrent la formation de profils spécialisés. Le pays veut rattraper son retard. Il pourrait bien y parvenir.
On peut être d’accord ou non avec Donald Trump. Mais son impact sur le débat crypto américain est indéniable. En l’espace de quelques mois, il a bousculé les lignes, imposé le sujet dans l’agenda politique, et poussé le Congrès à accélérer. Son implication personnelle, à travers ses investissements, fait débat. Mais elle montre à quel point le sujet n’est plus marginal.
Aujourd’hui, les États-Unis ne parlent plus seulement de régulation. Ils parlent de leadership, d’influence, de transformation. La régulation des cryptomonnaies USA n’est plus un sujet technique. C’est une bataille stratégique. Et si tout se passe comme prévu, Trump pourrait bien avoir fait des cryptomonnaies un pilier central de son héritage politique.