C’est une première qui marque peut-être un tournant dans l’histoire de l’immobilier français. Un particulier a acheté une maison à 370.000 euros dans la région lyonnaise… en utilisant ses cryptomonnaies. Oui, vous avez bien lu : pas de virement bancaire classique, pas de chèque, mais un paiement en stablecoins USDC. De l’autre côté de la transaction, le vendeur a reçu des euros, comme pour n’importe quelle vente. Cette opération inédite a été rendue possible par la startup française JBDA, via sa solution Legibloq, qui sécurise la transaction et convertit les fonds dans les règles.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, rien n’interdit aujourd’hui d’acheter un bien immobilier avec des cryptomonnaies en France. Mais attention, il y a des conditions bien précises. La première : le notaire n’a pas le droit de recevoir des cryptos. Il faut donc que les fonds soient convertis en euros avant d’atterrir sur le compte séquestre du notaire, souvent celui de la Caisse des dépôts et consignations.
Dans le cas de cette maison à Lyon, les fonds ont d’abord été bloqués sur une adresse blockchain sécurisée. Après vérification de l’origine de l’argent, un point crucial pour éviter tout soupçon de blanchiment, les cryptos ont été converties en euros, puis transférées au notaire au moment de l’appel de fonds. Le vendeur, lui, a reçu des euros, sans même se soucier de la provenance initiale.
Mais ce type de transaction n’est pas exempt de fiscalité. En France, toute cession de cryptomonnaie contre des euros entraîne un impôt sur la plus-value, généralement soumis à la « flat tax » de 30 % (12,8 % d’impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux). Si vous avez acheté vos USDC à 0,90 € et que vous les convertissez à 1 €, vous êtes redevable de la différence. Il est donc crucial de déclarer ces gains, sous peine de sanction.
Ce type de transaction n’est pas anecdotique : il ouvre une nouvelle porte pour les détenteurs de cryptomonnaies qui souhaitent investir en 2025 dans le monde réel. On parle souvent de "ponts" entre la finance décentralisée (DeFi) et l’économie traditionnelle. Ici, c’est un véritable pont qui a été posé entre la blockchain et le marché immobilier.
Jusqu’ici, beaucoup de crypto-investisseurs se retrouvaient bloqués : difficile de transformer une fortune numérique en actif tangible sans passer par une longue chaîne de conversion, des contrôles bancaires parfois pénibles et une fiscalité incertaine. Cette transaction change la donne. Elle prouve qu’il est possible, en France, de débloquer des montants importants et de les réinjecter légalement dans l’économie.
Les agences immobilières, quant à elles, commencent à s’intéresser au sujet. Certaines se forment déjà à la blockchain, d’autres collaborent avec des plateformes comme Bitcoinimmo ou RealT. Ce n’est pas encore la norme, mais on sent bien que le marché évolue doucement. Et pour cause : avec plus de 4 millions de Français détenant des cryptos, le potentiel est énorme.
Si cette transaction est une première en France, d’autres pays sont déjà passés à la vitesse supérieure. À Dubaï, par exemple, l’achat de biens immobiliers en bitcoin ou en USDT est presque devenu banal. De nombreux promoteurs intègrent directement des options de paiement en crypto dans leurs contrats de vente. Même chose au Portugal, où les transactions en cryptos sont facilitées par une fiscalité avantageuse et des banques plus flexibles.
En Espagne, certaines agences immobilières spécialisées affichent leurs biens directement en ETH ou BTC. Le climat réglementaire y est moins frileux, et les notaires commencent à intégrer ces nouvelles pratiques. Les États-Unis ne sont pas en reste, avec plusieurs ventes de propriétés de luxe finalisées en cryptomonnaie ces dernières années, notamment à Miami ou Los Angeles.
À côté de ça, la France semble encore un peu rigide. Le cadre légal y est clair, mais très formel. Les notaires ne peuvent toujours pas manipuler de la cryptomonnaie, ce qui complique les transactions. Cela dit, cette vente à Lyon montre qu’avec les bons outils, comme ceux développés par JBDA, on peut contourner les blocages sans sortir du cadre légal.
Cette vente n’est peut-être que la première d’une longue série. Avec la montée en puissance des stablecoins et des solutions d’ancrage légal comme Legibloq, les transactions crypto-immobilières pourraient se banaliser. On imagine déjà un avenir où vous pourriez acheter une résidence secondaire ou investir dans de la pierre… depuis votre wallet.
Certains projets vont encore plus loin : des plateformes comme Propy aux États-Unis ou Brickken en Espagne proposent des systèmes de « tokenisation immobilière », où vous pouvez acheter une part d’un bien immobilier sous forme de jeton numérique. On parle alors d’investissement fractionné, accessible à tous, sans passer par une banque.
Pour les jeunes investisseurs crypto qui n’ont pas encore de fiche de paie béton ou de CDI en béton armé, c’est une porte de sortie. Et pour les vendeurs, c’est une opportunité d’accéder à de nouveaux profils d’acheteurs solvables, mais en dehors des circuits classiques.
En somme, cette vente à Lyon n’est pas juste un coup de com’. C’est une preuve que la frontière entre le monde crypto et l’économie réelle devient de plus en plus poreuse. Et pour une fois, c’est la France qui ouvre la voie.