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Réglementation crypto France : les ambitions sont là, mais les agréments ne suivent pas

La réglementation crypto France inquiète de plus en plus les acteurs du secteur. Alors que 43 entreprises ont déjà obtenu un agrément MICA dans l’Union européenne, la France n’en a délivré que deux en six mois. L’approche très stricte de l’AMF freine l’attractivité du pays, poussant des géants comme Kraken, Binance ou Coinbase à se tourner vers des juridictions plus réactives. Ce retard pourrait coûter cher à l’écosystème français, en particulier aux startups locales qui peinent à se lancer. Un réajustement rapide du cadre d’application est devenu indispensable pour éviter de voir la France décrocher.

Deux agréments en six mois : un signal d’alerte pour le secteur

Quand on regarde les chiffres, le malaise saute aux yeux. Depuis l’entrée en vigueur du dispositif européen début janvier, 43 entreprises ont décroché le précieux sésame leur permettant d’opérer dans toute l’Union. Les Pays-Bas sont largement en tête, avec 15 agréments accordés. L’Allemagne suit de près avec 12. Des acteurs comme Commerzbank, BitGo ou Trade Republic ont choisi la Bafin, le régulateur allemand, pour se mettre en règle. Même Malte, souvent pointée du doigt pour sa souplesse excessive, a validé cinq dossiers, dont ceux de Crypto.com et OKX. Le Luxembourg a attiré Coinbase, Bitstamp et Clearstream Banking. Et pendant ce temps, la France ? Elle n’a octroyé l’agrément MICA qu’à deux structures relativement modestes. Aucun grand nom. Pas de Binance, pas de Kraken, pas de KuCoin.

Et pourtant, ces mastodontes du secteur n’ont pas disparu. Ils sont bien présents… mais ailleurs.

L’effet repoussoir d’une rigueur extrême

Ce constat soulève une question simple : pourquoi la réglementation crypto France ne parvient-elle pas à séduire davantage de candidats ? Une grande partie de la réponse se trouve du côté de l’AMF, l’Autorité des marchés financiers. L’organisme français applique le règlement MICA avec un niveau d’exigence jugé par certains comme trop élevé, voire dissuasif. Lors d’une audition au Sénat, la présidente de l’AMF, Marie-Anne Barbat-Layani, n’a pas mâché ses mots : « Certains de nos collègues européens délivrent des agréments avec, disons, un stylo un peu rapide. » Comprendre : chez nous, c’est du sérieux. Pas de passe-droit. Pas de validation à la va-vite.

C’est louable sur le fond. Mais dans les faits, cela crée un climat d’incertitude. Les délais sont longs, les procédures opaques, et les retours parfois absents. Résultat : les entreprises préfèrent déposer leur demande ailleurs. Là où les régulateurs sont certes stricts, mais réactifs.

Un homme en costume debout devant un bâtiment officiel, entouré de panneaux MICA liés à la réglementation crypto France

MICA, une opportunité européenne… à géométrie variable

Le paradoxe, c’est que la France a joué un rôle clé dans la conception du règlement MICA. Elle a poussé pour une réglementation harmonisée au niveau européen. Un texte clair, ambitieux, qui protège les consommateurs tout en offrant une vraie visibilité aux entreprises. Mais aujourd’hui, la mise en œuvre française freine des quatre fers. Et ça commence à se voir. Les entrepreneurs du secteur crypto qui veulent lancer une plateforme de cryptomonnaies hésitent désormais à s’implanter à Paris ou à Lyon. Ils regardent vers Dublin, Amsterdam ou même Vilnius. Parce qu’ils savent qu’ils obtiendront leur agrément plus rapidement… et avec moins d’incertitudes.

La course à l’attractivité a déjà commencé

Et pendant que la France tergiverse, d’autres pays prennent une longueur d’avance. En Irlande, Kraken vient tout juste de recevoir son agrément. Malte séduit avec ses démarches fluides. L’Autriche héberge désormais Bitpanda et Bybit. Et la Lituanie, que peu de gens auraient citée il y a encore deux ans, est en train de devenir un véritable hub européen. Il suffit de jeter un œil à la liste officielle publiée par l’ESMA, l’Autorité européenne des marchés financiers, pour mesurer l’ampleur du décalage. Les Pays-Bas ont déjà validé 15 dossiers. L’Allemagne, 12. La France ? Deux. Le fossé est bien réel.

Chaque agrément délivré ailleurs, c’est une opportunité ratée pour l’Hexagone. Une entreprise qui choisit Berlin ou Vienne comme point d’entrée pourra ensuite proposer ses services en France… sans jamais y créer d’emploi, de siège ou de valeur locale. 

Une réglementation nécessaire, mais pas étouffante

Bien sûr, il faut des règles. Personne ne souhaite voir se multiplier les scandales ou les faillites frauduleuses. L’affaire FTX est encore dans tous les esprits. Et le secteur crypto reste jeune, instable, parfois opaque. Le règlement MICA vise justement à éviter ces dérives. Il encadre les pratiques, impose des obligations de fonds propres, de gouvernance, de protection des clients, et de gestion des risques.

Les plateformes doivent prévenir leurs utilisateurs des dangers. Elles doivent garantir la conservation des actifs, même en cas de crise. Elles doivent s’engager à lutter contre les manipulations de marché, les délits d’initié, les pratiques trompeuses.

Tout cela est fondamental. Mais cela ne signifie pas que le processus doit être bloqué. La réglementation crypto France peut être exigeante… sans être dissuasive.

Les startups françaises à la peine

Et c’est peut-être là que le bât blesse le plus. Car ce ne sont pas uniquement les grandes plateformes internationales qui fuient. Ce sont aussi les jeunes pousses françaises. Les projets portés par des équipes locales, qui veulent lancer des solutions innovantes, mais se retrouvent confrontés à une montagne de démarches. Pour une startup qui démarre, le temps, c’est de l’oxygène. Attendre six, huit, voire douze mois pour obtenir un retour d’un régulateur, c’est souvent synonyme d’abandon ou de délocalisation. Beaucoup finissent par créer leur structure à l’étranger, et ne reviennent en France qu’en tant qu’exportateurs.

Et Binance dans tout ça ?

Le cas de Binance est révélateur. Le géant mondial des cryptos, malgré son poids, n’a toujours pas obtenu l’agrément MICA en France. Officiellement, il est en discussion avec plusieurs autorités nationales. Officieusement, beaucoup estiment que l’AMF freine le processus. Cette absence de Binance dans l’écosystème français, alors même qu’il s’agit d’un acteur incontournable pour des millions d’utilisateurs, montre bien la distance qui s’est creusée entre la France et les dynamiques du marché.

Logo officiel de Binance sur fond jaune, symbole phare de la plateforme de cryptomonnaies

Le règlement MICA prévoit une période transitoire. Jusqu’à juin 2026, les acteurs existants ont le temps de se mettre en conformité. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut attendre. Car chaque mois compte. Chaque licence délivrée ailleurs renforce la position d’un autre État membre. Et chaque retard pris affaiblit l’écosystème français. Si la réglementation crypto France veut réellement jouer un rôle moteur, elle doit sortir de cette logique de paralysie. L’enjeu n’est pas de brader les règles, mais de les appliquer avec clarté, efficacité et pragmatisme.

Rien n’est irréversible. La France dispose de nombreux atouts : des ingénieurs talentueux, des écoles reconnues, un écosystème de fintech dynamique, et un vivier d’investisseurs prêt à soutenir l’innovation. Elle peut redevenir attractive. Mais cela passe par une réforme des pratiques de régulation. Accélérer les délais. Clarifier les attentes. Dialoguer avec les porteurs de projets. Créer un environnement dans lequel une plateforme de cryptomonnaies peut se lancer, croître et se conformer… sans devoir se battre contre l’administration.

La réglementation crypto France est à un tournant. Elle peut devenir un modèle européen. Ou elle peut rester à l’écart, pendant que d’autres construisent l’avenir du Web3 sur le continent.

Les six prochains mois seront décisifs. Il ne s’agit plus seulement d’écrire de beaux textes. Il faut les appliquer, les rendre vivants, et les mettre au service de ceux qui, chaque jour, inventent la finance de demain.