Si vous avez moins de 21 ans et que vous aviez l’habitude de miser sur un pari sportif ou de jouer à la roulette en ligne après une journée de cours ou de boulot… il va falloir lever le pied. Depuis le 1er septembre 2024, la Belgique a décidé de relever l’âge minimum légal à 21 ans pour tous les jeux de hasard, à une exception près : la Loterie Nationale. Jusqu’à récemment, jouer au casino (en ligne ou en salle), miser sur un match de foot ou tenter sa chance sur des machines à sous, c’était tout à fait légal dès 18 ans. On grandissait, on découvrait la vie adulte… et parfois les jeux d’argent.
Mais à force de voir des jeunes s’enliser dans des pertes ou s’accrocher à de faux espoirs de gains faciles, les autorités ont décidé de serrer la vis. L’accès aux jeux de hasard est désormais réservé aux personnes âgées de 21 ans et plus. Cette réforme a été adoptée par la Chambre en février 2024, après de longues discussions politiques, des renvois au Conseil d’État, et quelques tensions en coulisses.
Derrière cette décision, il y a une logique claire : protéger les jeunes adultes. Le député écologiste Stefaan Van Hecke, à l’origine du projet, l’a dit lui-même : à 18 ans, on est encore fragile face aux promesses trompeuses des jeux d’argent. L’accès facile aux paris en ligne, aux bonus de bienvenue, aux applications ultra-ludiques rend les choses encore plus risquées. Repousser l’âge à 21 ans, c’est gagner du temps. C’est éviter que certains ne tombent trop tôt dans la spirale des mises, des pertes, et parfois des dettes.
Et ce n’est pas tout : la loi va plus loin. Finis les bonus alléchants à l’inscription. Interdiction aussi de combiner plusieurs types de jeux sur un même site. Même la publicité est désormais strictement encadrée, sauf exception accordée par arrêté royal.
Cette réforme n’est pas sortie de terre facilement. Déposée dès 2019, la proposition a été bloquée, débattue, renvoyée, retravaillée… Elle a fini par être adoptée presque à l’unanimité, en janvier 2024, à l’exception de Jean-Marie Dedecker, qui a voté contre.
Lui, et d’autres sceptiques, estiment qu’interdire n’est pas toujours la solution. Qu’à vouloir trop encadrer, on pousse les jeunes à se tourner vers des sites illégaux, moins sûrs, souvent basés à l’étranger. C’est un débat qui reste ouvert. Mais pour le gouvernement et la Commission des jeux de hasard, la priorité, c’est la protection.
Pour mieux comprendre cette mesure belge, comparons un peu avec les autres pays francophones.
La France autorise les jeux d’argent dès 18 ans, mais avec de grosses restrictions. Les casinos en ligne sont tout simplement interdits. Les seuls jeux autorisés en ligne sont les paris sportifs, les courses hippiques, poker et la loterie, et encore, uniquement sur les sites agréés par l’ANJ (Autorité Nationale des Jeux). Les jeunes y ont accès, mais dans un cadre très balisé.
Chez nos amis suisses, l’âge légal est aussi de 18 ans. Casinos terrestres, jeux en ligne, tout est accessible, mais sous contrôle. Les opérateurs sont très surveillés, et les joueurs peuvent même s’auto-exclure. Pour l’instant, aucune réforme vers les 21 ans n’est sur la table.
Le Canada fonctionne par provinces. Au Québec, vous pouvez jouer à 18 ans. En Ontario, c’est 19 ans. Dans les deux cas, l’État gère sa propre plateforme de jeux en ligne (comme Loto-Québec), et les règles sont strictes… mais plus permissives qu’en Belgique.
Bref, avec sa nouvelle législation, la Belgique devient l’un des pays les plus restrictifs en matière d’âge légal pour les jeux de hasard.
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Si vous avez moins de 21 ans aujourd’hui, vous n’avez plus accès aux jeux de hasard en Belgique, qu’ils soient en ligne ou en dur. Les opérateurs agréés sont dans l’obligation de bloquer les comptes concernés. Certains jeunes se sont déjà vus refuser l’accès ou ont reçu un message de fermeture de compte. Les contrôles sont automatiques, et les sanctions en cas de non-respect sont lourdes pour les sites. Pour les autres, ceux qui ont passé la barre des 21 ans, vous ne verrez peut-être pas de changement immédiat, mais le ton est clairement donné :
C’est une façon de remettre un peu d’éthique dans un secteur souvent critiqué pour ses excès.
Une tendance européenne ?
Alors, cette loi belge est-elle un coup de semonce ou le début d’une vague plus large ? Difficile à dire, mais le mouvement est là. Avec la montée des préoccupations autour de la santé mentale, de l’addiction, du bien-être financier, il ne serait pas étonnant que d’autres pays emboîtent le pas. Peut-être que dans quelques années, 21 ans deviendra la norme en Europe. Ou peut-être pas.
En tout cas, en Belgique, la décision est prise. Et elle envoie un signal clair : les jeux d’argent, ce n’est pas un loisir anodin. Ce n’est pas un passe-temps comme un autre, surtout quand on est encore jeune.